Lettre ouverte à Mme le Maire

Madame le Maire,

Je vous écris aujourd’hui en tant que coordinateur du collectif des habitants de Montesquieu et je me permets de faire suite à votre lettre du 24 décembre 2021.

Tout d’abord, je vais vous demander de vous ressaisir. En effet, une lettre[*] comme je l’ai reçu, n’est pas à la hauteur de vos fonctions de maire. Je vous demande également de garder pour vous vos jugements, et de ne plus avoir de propos diffamatoires à mon égard en raison du caractère public de votre lettre. Nous ne sommes pas dupe de vos manœuvres dilatoires à l’encontre du collectif afin de cacher votre incurie.

Ensuite, je suis surpris que vous puissiez considérer ce projet comme anodin, voir hypothétique au vu de l’avancement de celui-ci, des plans [*] et documents conçu par l’intercommunalité dont vous êtes vice-présidente. Nous vous avons sollicité lors d’un rendez-vous le 25 novembre 2021 et vous nous avez fait entendre votre détermination quant à la réalisation de ce projet. Vous nous avez quand même encouragés à faire entendre notre voix car, en tant que riverains, nous avons notre avis à donner sur ce projet impactant nos vies et nos patrimoines. Vous nous avez conseillé de prendre contact rapidement avec les habitants concernés par ce projet, car le PLUi-H (intercommunal) prenant le pas sur le PLU de Montesquieu, allait être validé avant le printemps 2022. Vous nous avez également donné les coordonnées téléphoniques de M.Belloc, membre du Conseil municipal.

C’est ainsi, que sur vos conseils, durant le mois de décembre, nous avons fait un travail de terrain avec d’autres riverains afin d’informer les administrés, documents à l’appui, des projets relatifs à la construction de plusieurs lotissements sur la commune de Montesquieu.

Il s’avère que nous sommes nombreux à être formellement opposés à la construction de ces lotissements, projets soutenus par la mairie. C’est pourquoi, le collectif des habitants de Montesquieu a fait une pétition qui atteint aujourd’hui 140 (cent quarante) signatures.

Lors de notre porte-à-porte et à notre grande surprise, personne n’était informé de l’imminence de sa mise en place, pire encore, il a été dit à la majorité que ce projet était abandonné. La communication à propos d’un sujet aussi importants que celui-ci est opaque.

J’ai décidé de vous adresser cette lettre ouverte et de la rendre publique, car ce projet concerne l’intégralité des habitants de la commune. Il bouleverse la vie privée des habitants de Montesquieu et impacte leur patrimoine. Il n’est pas possible que vous preniez des décisions à ce point importantes sans consulter vos administrés.

Madame le Maire, nous vous demandons une réunion publique, afin de connaître votre position officielle sur ces projets (documents à l’appui) et sur vos intentions d’urbanisation de la commune. Lors de cette réunion, nous vous demandons de bien vouloir répondre à toutes nos interrogations en annexe. Auquel cas nous intensifierons de plein droit notre démarche afin que ces projets ne voient pas le jour. Le tout sans abus de faiblesse, ce n’est pas le genre de la maison, vous l’aurez compris.

Nous pouvons être un village dynamique et attractif, avec une excellente qualité de vie, tout en conservant notre paysage traditionnel et sans courir après une croissance infinie, illusoire et destructrice.

Vous me dites que la discussion reste ouverte, rencontrons nous, discutons et construisons notre avenir ensemble. J’attends une réponse rapide de votre part pour que nous puissions avancer.

Avant de vous saluer, Madame, permettez-moi de saluer bien bas tous les habitants de la commune qui se sentent investis pour leur village et qui n’hésitent pas à s’impliquer sur leur temps libre.

Je vous remercie par avance.

                                                                                                                      Brice BIANCHINI

Annexes : Questions et interrogations

A. Dans votre courrier, vous dites qu’il n’y a pas de projets de construction de lotissements, mais Terres des Confluences met à disposition ce projet d’urbanisation massif de cité/lotissement appelée “Village” sur son site.[*]

Les plans d’aménagement ont été mis à jour le 06/02/2020. Sur ces plans[*] nous y voyons jusqu’à seize maisons sur le terrain communal. Vous y inscrivez des mentions comme : ” pour permettre un éventuel redécoupage parcellaire à plus long terme”.

Nous invitons tous les riverains à lire attentivement ces plans aboutis et détaillés de construction de lotissements que vous portez devant le préfet.

Il y aura une dernière réunion intercommunale afin de fixer ces plans au printemps. Il suivra une enquête publique où chaque riverain sera invité à se déplacer pour rencontrer le commissaire enquêteur et faire part de son désaccord avec ce projet. Le projet sera ensuite validé (ou pas). Calendrier que vous ne pouvez ignorer en tant que vice-présidente. C’est maintenant que cela se décide.

B. Vous dites qu’il n’y a pas de projets de construction de lotissements, mais vous m’écrivez au mètre prés l’emplacement de la première maison par rapport à nos habitations. Pire, sur plan, vous nous avez montré du doigt un nombre de maisons déjà négociées avec d’autres propriétaires jouxtant une maison inhabitée depuis plus de vingt ans. Merci de tenir à disposition de tous les administrés les plans mis à jour de ces constructions.

C. Vous rejetez l’urgence de notre action, pour quelle raison? Dans le bulletin municipal de janvier 2022 vous dites que le PLUiH est en cours de finition …

D. Vous dites que le terrain communal est constructible, mais dans l’e-mail [*] du mois de mai que vous citez vous me dites que ce terrain est en zone AU0 non-constructible à ce jour [*]. Propos confirmé par Madame Jaulin (chargée de mission Aménagement et Habitat – Terres des Confluences). N’allez-vous pas à l’encontre de l’état qui demande de favoriser la réhabilitation de l’existant ?

E. Le projet du PLUi-H a été rejeté pour la deuxième fois le 15 septembre 2020 par le bureau du CRHH [*].

Nous avons prés de quatre-vingt-douze logements identifiés vacants[*] ou pouvant changer de destination sur la commune soit presque une maison sur trois de vide (source INSEE 2018).

Ne disposez-vous pas d’aides pour inciter les propriétaires à valoriser ces biens ?

F. Nous sommes interpellés par les points 4 et 5 qui font partie des objectifs de votre projet :

            ” … 4. Permettre le développement d’une offre d’hébergement dédiée aux jeunes travailleurs précaires et aux saisonniers, avec la mobilisation d’une partie du parc existant dans le cadre de l’OPAH-RU, la location de courte durée chez l’habitant.

            5. Proposer une offre adaptée aux gens du voyage, favorisant leur intégration ; …”

Pouvez-vous vous exprimer à ce sujet ?

G. Vous prétendez que nous manquons de location et qu’il faut construire pour répondre à la forte demande de location sur la commune. Sur quels chiffres vous basez-vous ? Disposez-vous d’une étude à ce sujet ? Quelle analyse vous permet une telle affirmation ? Pourquoi rajouter des logements dans un village qui a un parc de logements disponibles depuis plusieurs années déjà supérieur au nombre d’habitations que vous voulez construire ?

Combien cela va-t-il coûter à la commune, et quel va être l’impact sur nos impôts à terme ? La Mairie dispose t – elle du budget nécessaire à la construction de ces maisons ou est-ce un lotisseur/promoteur qui va investir ? Auquel cas comment pouvez-vous soutenir qu’il y aura des locations ?

Que prévoyez-vous pour améliorer la qualité de vie de vos administrés ? Le village est mort, aucune commodité n’est présente, le turn-over n’y est-il pas exceptionnellement haut ? Une maison met entre 2 et 5 ans pour se vendre sur la commune.

Nous sommes en chute de natalité et le village n’est pas assez attractif. Il y a en moyenne seulement deux habitants par maison à ce jour contre presque quatre en 1970 (source INSEE), et après le baby-boom, c’est maintenant le papy-boom que nous vivons. Inévitablement, des maisons supplémentaires vont se libérer.

Qu’allons-nous faire de toutes ces maisons vides ? Quelle est votre réflexion à ce sujet ?

H. L’école est en danger de fermeture : un autre de vos arguments et de certains de vos conseillers en faveur de la réalisation de ces lotissements, c’est que l’école est en danger de fermeture et qu’il faut bien se “développer”.

Cela ressemble à une prophétie auto-réalisatrice. En effet, en ne faisant rien pour sauver l’école et en soutenant un RPI (Regroupement Pédagogique Intercommunal) celle-ci va finir par fermer. Il y a pourtant des solutions pour sauver l’école sans construire de lotissements, mais vous refusez de vous entretenir avec nous et de mettre rapidement en place des actions simples, concrètes et peu coûteuses qui permettraient de repeupler l’école. Il manque d’ailleurs 8 élèves pour garder la classe ouverte, et vous auriez autorisé six dérogations ? Est-ce vrai ?

Un RPI (Regroupement Pédagogique Intercommunal) est en cours de négociation avec les communes de Durfort-Lacapelette et Touffailles par la mairie. Les parents concernés sont-ils informés qu’ils devront emmener leurs enfants dans l’école d’une autre commune ? Nous sommes consterné que votre seule implication pour sauver notre école soit de transmettre un dossier par e-mail.

I. Concernant l’ancien restaurant, vous dépensez plus de 400 000 € HORS TAXES [*] pour des travaux d’aménagements et 80 000 € pour son achat. Cette somme importante nous interpelle et nous souhaiterions connaître la destination finale de ce bâtiment. Sachant que l’école n’est toujours pas pourvue d’une garderie le mercredi, ni les vacances scolaires alors qu’une vingtaine de mère de famille en font la demande et que certains jours, c’est notre agenttechnique communalqui fait la surveillance aux heures de cantines… Pouvez-vous nous expliquer la répartition d’un tel budget ?

Dans le bulletin municipal de janvier 2022, vous faites appel aux administrés pour trouver des idées d’affectation des salles de ce bâtiment. Comment pouvez-vous dépenser autant d’argent public sans avoir un business plan précis, permettant de rentabiliser cet investissement ? N’y avait-il pas des dépenses prioritaires à faire ?

J. Chaque année, vous renouvelez le contrat [*] qui nous lit à l’intercommunalité. Nos champs d’action et notre liberté financière en sont largement minimisés. L’ensemble des décisions prises et/ou imposées vont à l’encontre du bien commun pour le village et sont le plus souvent incohérentes avec la réalité sur le terrain et nos besoins. Quelles sont vos motivations pour nous soumettre à cette intercommunalité et valider le transfert d’instruction chaque année ?

K. Dans le bulletin municipal de janvier 2022, le budget de 2021 est identique à celui du bulletin municipal de 2020. Merci de corriger cela et de fournir à tous les administrés le budget 2021.

Le collectif
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